Je suis sûre que ça t’es déjà arrivé.
Tu as un rendez-vous super important, tu prends ta voiture pour t’y rendre et là, vroum vroum blurp, elle démarre pas.
Déjà que t’étais en retard parce que ton gosse t’as vomit copieusement dessus juste au moment de partir.
Bref, tout se passe pour que tu n’ailles pas à ce rendez-vous si important pour toi.
Alors tu annules.
Tu restes à la maison pour t’occuper de ton enfant et voir comment réparer ta voiture.
Manque de bol, le médecin est partie en vacances et le mécano peut rien faire avant une semaine.
Bon, tu vois le genre de journée pourrie dont je parle?
Ces journées où t’aurai mieux fait de rester sous la couette. Où rien ne se passe comme tu veux.
Bref, du coup t’as pas le moral, rien ne va.
Alors tu te dis que tu vas appeler ta copine pour trouver un peu de soutien. Peut-être qu’elle arrivera à te remonter le moral.
Coup de bol, dans cette sale journée, ta copine répond. Trop bien, enfin une bonne chose.
Tu commences à lui raconter tes malheurs à quel point t’es frustrée d’avoir loupé ton rendez-vous. Tu lui expliques comment la voiture en panne te mets dans la galère et comme tu t’inquiètes pour ton amour tout malade.
Et là, ta super copine ne trouve rien de mieux que de te dire: « allez, ça va aller. Tu vas t’en sortir. Et puis franchement, y’a pire. Penses à toutes ces mamans célibataires avec des enfants gravement malade, handicapés ou pire. Penses à toutes ces familles qui n’ont même pas un toit sur la tête et qui ont du mal à se nourrir. Toi tu as un mari qui t’aime, de la famille et des amis qui te soutiennent, une belle maison, etc. Allez, arrêtes de te plaindre et ça ira mieux. Tu vas trouver une solution. »
Relativiser peut faire culpabiliser
Tu relativiser, c’est vrai. Tu te dis que tu n’as pas le droit de te plaindre car ça pourrait effectivement être pire. Tu te sens mieux 5 minutes.
Tu te dis aussi qu’en même temps, t’y peux pas grand chose pour aider ces autres gens « pires » que toi. Du coup, tu te mets à culpabiliser.
Tu culpabilises parce que tu oses te plaindre de cette situation et en plus, tu culpabilises de ne rien faire pour les autres.
Tu n’as pas réglé ton problème de voiture et de médecin. Tu restes toujours inquiète pour ton enfant.
Rapidement, tu te sens encore plus mal qu’avant parce que tu dois relativiser donc tu ne dois pas t’écouter.
Il est là le problème.
Quand tu as appelé ta copine, tu cherchais du soutien. Tu avais besoin que ton ami t’écoute et te comprenne sans te juger.
C’est vrai que cela partait d’une bonne intention de sa part. Mais il parait que l’enfer est pavé de bonnes intentions…
Rejeter ses émotions
Maintenant, tu te sens mal à l’aise sans trop vraiment comprendre pourquoi.
C’est normal, depuis toute petite on t’as apprit à relativiser.
C’est une façon de rejeter ce que tu ressens vraiment.
Regardes, quand tu te faisais mal, on te disait que c’était rien puisque tu ne saignais pas ou peu.
Tu avais mal mais tu relativisais. Après tout, tant que t’as pas un boyau qui sort, t’as pas vraiment mal (c’est un peu exagéré mais l’idée y est).
Quand tu avais peur d’une araignée, on te disait que les petites bêtes ne mangeaient pas les grosses. Tu avais peur mais tu finissais par relativiser vu que tu ne croisais pas d’araignées de 2 mètres de haut. Mais bon, aujourd’hui t’es quand même pas rassurée de voir une araignée.
Bref, relativiser est un bon moyen de refouler tes émotions et de nier le problème que tu rencontres.
Alors c’est vrai, dans certaines situations cela peut aider à mettre un coup de boost. Ça peut aider à dépasser certaines situations. Mais ça ne doit pas devenir un réflexe et encore moins une façon de rejeter ce que tu ressens.
Beaucoup de mamans se retrouvent face à un tas de problèmes qu’elles ont du mal à gérer alors elles relativisent: « c’est rien, tous les parents y arrivent alors moi aussi je vais y arriver ». C’est faux. C’est juste que la plupart des parents ne parlent pas de leurs difficultés. C’est le meilleur moyen de finir en burnout.
Alors à chaque fois que tu te surprends à relativiser, pose-toi les bonnes questions. Est-ce que je suis entrain de nier un véritable problème? Ai-je besoin d’aide? Suis-je entrain de repousser mes limites? Ou est-ce juste un moment « coup de mou » qui va passer?
Si la situation avait été inversée, que c’est ta copine qui t’appelle pour te raconter ses malheurs, je suis certaine que tu aurai fait la même chose: la pousser à relativiser.
Parce que tu ne sais pas faire autrement.
Apprendre à écouter
Peu de personnes savent réellement écouter.
Je veux dire « savoir écouter » dans le sens où l’on accepte ce que l’autre ressent.
J’aime beaucoup la CNV (Communication Non Violente) pour cela. Pour le fait d’apprendre à écouter avec empathie.
L’écoute active est également très intéressante (voir ici pour en savoir plus).
Si nous, adultes, apprenons à nos enfants à savoir écouter avec bienveillance et empathie, nous leurs éviterons de nombreuses situations de mal être (voir par exemple cet article: maman, je veux pas, j’ai peur ).
C’est vrai que cela demande un gros travail sur soi et une sacré remise en question mais il me semble évident que tout le monde y est gagnant.
Il faut bien au jour briser les chaines de ce cercle vicieux.
Les enfants (et les adultes d’ailleurs) n’ont jamais besoin qu’on rejette leurs malheurs qui nous semblent parfois futiles. Relativiser ne les aide en rien.
Ils ont juste besoin d’être entendus et compris, pas jugés.
Je constate très fréquemment que les enfants « en crise » sont très rapidement calmés dès lors qu’on les écoute. Juste reformuler parfois suffit.
Il en est de même pour les adultes, essaies, tu verras.
A l’avenir
Lorsque quelqu’un vient te raconter ses malheurs, écoutes-le.
Essais de réellement comprendre son problème. N’essais pas de le régler pour lui ou de le faire relativiser.
Si c’est un enfant, accepte ce qu’il ressent, son émotion.
Tu fais quoi toi quand quelqu’un a besoin de soutien (que ce soit ton enfant ou une copine)? C’est quoi ta technique? Dis-moi tout en commentaires.