C’est moi qui fait!
Non!
Aaaaahhhhhhh!
Touche pas!
Mais non, je veux pas ce tee-shirt! Je veux une robe! Et un pantalon aussi! Et une jupe! Et les collants sur le pantalon! Mais non, je veux la rose!
Je veux pas!
Bon bref, Louloute grandit.
Au court de mes recherches sur le développement des enfants, j’ai découvert quelques stades « marquant ». En général, on parle de la période du nourrisson, de la petite enfance, de l’âge de raison, de l’adolescence.
Mais en réalité, les enfants passent différents caps très important pour leur développement. Et ces caps s’accompagnent de nouvelles aptitudes et de nouvelles prises de consciences.
Ce n’est pas toujours facile pour ces enfants de gérer, et du coup, pour nous, parents, non plus.
Par exemple, lorsque le petit enfant fait ses 1ers pas, cela a obligatoirement des conséquences sur le quotidien car bébé va vouloir explorer le monde. Mais pas seulement. Cela va entraîner une certaine autonomie et indépendance. Et du coup, cette indépendance va engendrer des comportements parfois désagréables. Et oui, le petit être totalement dépendant prend désormais conscience qu’il peut faire des choses tout seul. Il va donc s’affirmer de plus en plus parfois de façon, comment dire… très claire. Par des: non par exemple, ou en montrant qu’il n’aime pas ou ne veut pas faire comme nous on voudrait.
Mais aujourd’hui, j’ai découvert que le terrible three existe.
La période des 3 ans ou terrible three
J’avais entendu parlé du terrible two, j’avais lu plusieurs articles sur le sujet, et ça m’avait fait un peu peur. Je m’étais donc super bien préparée et armée psychologiquement.
Sauf que, rein de spécial… Ma louloute est restée le petit ange que j’avais toujours connu.
Elle a continué à avancer à son rythme, tranquillement, à passer les caps, dans la joie et la bonne humeur.
Jusqu’à il y a quelques jours.
Je sais pas trop ce qui s’est passé, je me demande si un alien n’a pas prit possession de son corps. Pourtant je répète tous les jours à ma poupette (enfin, du moins à son corps): « sortez de ce corps, rendez-moi ma fille! », mais, non, toujours pareil… Bon, ok, je rigole (mais j’y pense…).
Bref, depuis quelques jours, c’est compliqué.
« Je veux du jus d’orange. » J’attrape la bouteille.
« Non, pas ça, c’est pas du jus d’orange! ». Je lui répond que si, l’autre c’est du jus de pomme.
« Ah, je veux du jus de pomme ». Je prends la bouteille de jus de pomme.
« Non, je veux du jus de fruits ». Ça commence à me monter… Je lui explique que les oranges et les pommes sont des fruits.
« Non! » Hum hum… Louloute, tu veux boire quoi?
« Des fruits secs ».
Bon, j’arrête là, ça peut durer des heures.
Et ça fini en pleurs, en colères, en grande tristesse, en cris stridents, des gestes et des paroles très désagréables de sa part.
Bizarre, il n’y a pas ça comme exemple à la maison…
Jamais je n’ai autant fait travaillé ma créativité (voir mon article sur la créativité: le secret pour moins galérer: la créativité) pour éviter que ces situations dégénèrent. Ben oui, ça se présente plusieurs fois par jour alors faut avoir de la ressource (et bien dormir aussi).
Je dois me rendre à l’évidence, ma louloute vient de fêter ses 3 ans.
L’élagage synaptique
3 ans, c’est une période où le cerveau subit une véritable révolution: l’élagage synaptique. Normal que cela entraîne quelques perturbations.
Je l’ai bien compris en lisant cet article: comment le cerveau élimine ses synapses: « Dès l’âge de trois ans, le nombre de connexions entre neurones (les synapses), diminue à un rythme de trois millions par seconde environ ». En gros, l’enfant va se « spécialiser ». Le cerveau va éliminer les connexions jugées inutiles et renforcer celles qui le sont. C’est la magie de la neuroplasticité.
Expliqué comme ça, ça semble passionnant. Mais à vivre, ça l’est beaucoup moins, vous en conviendrez…
En même temps, le fait de comprendre ce qu’il se passe dans la tête de notre cher enfant permet aussi d’être plus empathique et patient. Parce que si c’est difficile pour l’entourage, imaginez pour l’enfant.
C’est un peu comme chez les ados. Tout le monde sait à quel point la période de l’adolescence est compliquée pour les parents. Mais on sait aussi à quel point l’adolescent lui-même se sent mal. Normal quand on comprend tous les bouleversements qui se passent dans un ado.
Faire la part des choses
Le bazar dans tout ça, c’est comment faire la part des choses?
Comment savoir quelle réaction adopter face à des comportements inhabituels, déstabilisant et forts désagréables?
Comment faire pour que ces comportements ne deviennent pas habituels justement?
Faut-il laisser faire sous prétexte que c’est une période de changement? Comme « mais non la pauvre, elle est en plein terrible three »…
Bon, il faut que je vous avoue: au début de l’article je vous ai dit que ma puce était un ange? J’ai un peu exagéré. Elle a passé quelques périodes un peu délicates. Le truc, c’est que ça n’a jamais duré plus d’une quinzaine de jours.
Avec un peu d’espoir (je croise les doigts), il va en être de même pour celle du terrible three…
Je vous dis ça parce que je pense que mon attitude et celle de son papa n’y est pas pour rien. Ça ne fait peut-être pas tout, mais je suis convaincu que cela à un rôle important.
Pour être plus précise, lorsque ma fille se met à avoir des comportements désagréables pour nous les parents (grosses colères, cris, pleurs qui ne s’arrêtent plus, change d’avis toutes les 10 secondes, s’affirme trop violemment, s’exprime agressivement, sensibilité extrême, etc), et bien pour commencer j’essaie de comprendre la situation. Je lui pose 1 ou 2 questions si possible, j’essaie de lui faire exprimer son émotion du moment et ensuite je lui demande ce que je peux faire pour qu’elle se sente mieux.
Souvent elle ne sait pas bien-sûr donc je lui propose 2-3 trucs, par exemple jouer, lire un livre, faire un câlin. Parfois ça marche, parfois non. Alors je propose jusqu’à trouver LE truc qui va marcher. Je fais parfois appel à mes propres souvenirs (voir mon article sur notre enfant intérieur: quand j’étais enfant). Des fois, elle continue à pleurer. Si je lui demande pourquoi elle pleure encore, elle me dit qu’elle ne sait plus s’arrêter. Et là je lui fais un câlin et ça passe.
Mais je fais cela dans le seul but de ne pas la laisser dans une colère trop longtemps car sinon, il n’y a plus rien à faire et ça peut durer des heures, je ne vois l’intérêt pour personne.
Donc j’essaie de calmer la bête, puis un peu plus tard on en reparle. Parfois c’est même elle qui remet le sujet sur le tapis.
Lorsqu’il y a des comportements que je n’apprécie pas, je lui dis simplement et je lui donne toujours des alternatives pour s’exprimer différemment.
Si c’est un besoin d’évacuer la colère par exemple, je propose d’aller se défouler autrement.
Si elle change d’avis toutes les 10 secondes, c’est qu’elle a trop de choix par exemple. Du coup j’anticipe: « tu as le choix entre ça ou ça ».
Toujours anticiper
Bon, après, je cris un peu parfois moi aussi parce que faut le dire: c’est difficile tout ça. Mais c’est rare et quand ça m’arrive, je lui explique très rapidement que ce n’est pas la solution, mais que blablabla.
Après je suis d’un naturel patient alors je comprends que certaines mamans n’aient pas ma patience. D’ailleurs, le papa, lui, s’éclipse assez souvent ces derniers temps car il a beaucoup de mal à gérer.
Dans ces périodes sensibles comme pour le terrible three, j’évite également tout ce qui pourrait être sujet à problème (magasins par exemple) et je n’oublie jamais de bien prévenir comment vont se passer les choses, l’organisation, etc. J’évite les surprises.
Et surtout, ce qui me semble le plus important, c’est que je reste égale à moi-même. Je ne change jamais mes façons de faire, je fais ce que je dis, je reste constante. Certes, je m’adapte à l’évolution de mon enfant, mais je ne change pas mon attitude envers elle. J’essaie de rester zen au maximum (pas besoin d’en rajouter une couche).
Je pense que c’est primordial pour un enfant car nous, parents, sommes les repères de nos petits chéris.
Dans des périodes de grands bouleversements, ils ont plus que jamais besoin de stabilité et de constance.
Alors pour conclure, je dirai que d’un point de vue des neurosciences, le terrible three existe bel et bien. Mais courage, il parait que c’est la dernière période difficile avant la prochaine 🙂
Je rajoute aussi que ces noms de « périodes » me déplaisent au plus haut point. C’est réducteur et même blessant. Mais là n’est pas le sujet alors je ferais un article rien que pour ça, voilà.
Et vous, vous voyez comment la gestion du terrible three?