Avez-vous déjà remarqué comme le regard des autres est important pour nous ? Comme il nous est important de donner une « bonne image » de soi ?
Alors c’est vrai, nos instincts primaires y sont pour beaucoup : il faut s’intégrer dans le groupe.
Mais dans un monde en pleine évolution, est-il vraiment nécessaire de continuer de se préoccuper de l’image que l’on donne, à ce que les autres vont penser de nous ?
Arrêtons les comparaisons !
L’instinct de survie
A l’origine, le fait de faire « comme les autres » permettait de s’intégrer dans un groupe et ainsi de s’assurer de survivre. C’est bien connu, on est plus fort à plusieurs que tout seul.
Cet instinct est imprimé dans nos gènes et notre cerveau continu à agir en fonction de ce besoin primaire d’appartenance à un groupe.
Aujourd’hui, nous avons toujours besoin de vivre en société, d’appartenir à un groupe, à un cercle d’amis, etc… C’est la seule façon d’évoluer.
Mais, notre monde à grandement évolué et est encore en grande évolution. Les moyens de s’intégrer à la société et aux groupes en général ont bien changé.
Ce n’est plus d’être comme tout le monde qui fait que l’on est reconnu, c’est le fait d’être différent justement, le fait de se différencier, de se démarquer des autres.
Partout sur internet et ailleurs, des tas de personnes et même des célébrités crient à qui veut bien l’entendre : « soyez vous-même ». Le développement personnel connait un engouement sans précédent, de plus en plus de personnes s’investissent pour faire évoluer l’éducation de nos enfants, beaucoup de gens se battent pour mettre « l’humain » au centre de toute chose, etc.
Pourquoi tout ça ? Parce que dans le monde d’aujourd’hui, l’être humain a besoin de retrouver son unicité. Il a besoin de se retrouver lui-même. Ce qui ne va pas l’empêcher de s’intégrer au monde, bien au contraire.
Je suis donc convaincu d’une chose, c’est que si nous apprenons dès notre plus jeune âge à être nous-mêmes, cela nous éviterai un bien grand travail pour nous retrouver.
Il faut donc revoir notre vision de l’éducation pour y parvenir. Évitons à nos enfants les galères auxquelles nous sommes confrontés aujourd’hui.
Mimétisme
Bien sûr il n’est pas question de remettre en cause la façon dont les enfants apprennent : par le mimétisme.
De nombreuses études ont démontré que lorsque l’on observe quelqu’un faire quelque chose, notre cerveau l’interprète comme si il le faisait lui-même. Alors inutile de vous dire que le meilleur moyen pour l’enfant d’apprendre, c’est bien d’observer puis de reproduire.
C’est également le meilleur moyen pour l’être humain d’évoluer. Il ne repart pas à zéro à chaque fois. C’est une rapide et excellente façon de transmettre le savoir.
Donc, ce n’est pas du tout le « mimétisme » que je remets en cause mais plutôt notre façon d’agir au quotidien, surtout avec nos enfants. Mimer ne signifie pas vouloir être comme son voisin.
La comparaison tue l’évolution
Hier, j’étais au parc avec ma fille. Il y avait quelques enfants dont des jumeaux avec leur maman. Les deux petits garçons de 4 ans environs, criaient et couraient dans tous les sens. Ils allaient voir les autres bambins, passaient d’un jeu à l’autre, ils semblaient se défouler et surtout, bien s’amuser.
La maman, elle, semblait énervée et essayait de les calmer. Et là, elle montre ma fille qui observait la scène tranquillement tout en jouant et elle crie à ses deux enfants : « Vous allez vous calmer oui ! Regardez la petite fille comme elle est sage, elle ! Et en plus elle est plus petite et elle écoute mieux ! Vous pouvez pas être comme ça non ?! ».
Pour commencer, ça m’a mit très mal à l’aise par rapport aux jumeaux. Ça m’a aussi pincé le cœur car ces pauvres enfants ne faisaient rien de mal, ils jouaient, c’est tout.
Maintenant, qu’est ce que ces garçons se sont dit quand leur mère leur a dit ça ?
A mon avis, ils ne se sont pas dit : « oh oui mère, tu as raison, nous ne sommes vraiment pas sage. Nous arrêtons tout de suite de jouer et allons nous asseoir calmement sur le banc pour regarder les mouches voler. Nous allons être très sage pour toujours, comme la petite fille »…
Mouai… c’est bien connu que les marmottes mettent le chocolat dans le papier d’alu…
Alors vous pensez qu’il s’est passé quoi dans la tête de ces jumeaux ? Moi je sais pas, j’étais pas dans leurs têtes. Mais je peux avoir une idée si j’essaie de me souvenir de mes réactions d’enfant. Ils se sont sentis nuls ? Pas à la hauteur des attentes de leur maman ? Quitte à se faire gronder autant continuer à jouer ? Rien à ciré ? Qu’est-ce qu’elle a la gosse là-bas ? Je vais t’attraper…
Vous croyez vraiment que de dire à un enfant qu’il devrait être comme un autre enfant va l’aider à devenir lui-même ?
Celle qui m’énerve le plus c’est : « t’es comme ton père/ta mère »… « t’es comme ton père, tu laisse trainer tes chaussures ». C’est vrai qu’on défini un humain à sa façon de ranger ses affaires…
Lorsque l’on dit cette phrase, c’est comme si on disait que c’est la même personne. Cela peut-être très vexant.
Et souvent je me suis dit : « à quoi ça sert que j’essaie de faire mieux puisque je suis comme lui/elle ? ». Et aussi : « je peux pas puisque je suis comme lui/elle ».
A l’adolescence, ça me servait même d’excuse du genre : « si je suis comme mon père, je peux pas débarrasser la table ».
Alors bien sûr qu’il y a des ressemblances. Il y a des gènes en commun et le mimétisme, mais cela ne signifie en aucun cas que nous sommes les mêmes.
Personnellement, à chaque fois que l’on m’a comparé à quelqu’un, ça m’a vexé et ça ne m’a pas aidé à faire les choses correctement ou à faire ce que l’on attendait de moi.
Après, il y a ceux qui veulent à tout prix prouver le contraire et ceux qui se résigne à être comme la personne.
Dans les deux cas, la possibilité d’être soi-même est corrompue.
Bien sûr que ça ne va pas faire de gros dégâts si on compare exceptionnellement. Mais il vaut mieux éviter.
Les adultes de demain
Je vais même aller plus loin que ça.
De nombreux parents se plaignent que leurs enfants veulent s’habiller avec des marques, avoir les mêmes chaussures que machin, la même coiffure que bidule, écouter la même musique que truc…
Certains disent que c’est ainsi qu’un enfant construit son identité. Peut-être. Mais je pense (ce n’est que mon avis), que les enfants peuvent construire leur identité autrement qu’en faisant comme les autres. Combien d’ados ont commencé à fumer juste pour faire comme les autres ?
Je pense que si nous, adultes et parents arrêtons de nous comparer, d’envier le voisin, ce serait déjà pas mal. Au moins, on ne montre pas le mauvais exemple.
On veut le super téléphone dernier cri parce que bidule l’a acheté et qu’il est génial. OK, mais a-t-on vraiment l’utilité d’un tel téléphone ? Aujourd’hui, il n’y a pas grand monde qui en a un réel besoin. Je reconnait que c’est plus confortable, mais ce n’est pas indispensable.
C’est un exemple parmi tant d’autres, mais c’est juste pour montrer que nous, les adultes, entraînons les enfants à se comparer les uns aux autres.
Et cela engendre souvent une compétition assez nocive pour nos enfants. Que se passe-t-il dans la tête d’un gamin qui n’arrive pas à être à la « hauteur » ? Qui ne peux pas porter de chaussures de marques car les parents n’ont pas les moyens ? Qu’est-ce que les autres enfants lui disent ? On en a tous une idée…
Pour arrêter cela, il faut donner beaucoup moins d’importance au paraître et beaucoup plus à l’être.
Et surtout, arrêter de comparer nos enfants à d’autres personnes car ce n’est pas comparable.
2 commentaires sur “La comparaison freine l’évolution”
Merci Jennifer pour ce très bel article. J’irai même plus loin en affirmant que quand la comparaison nous pousse à faire comme les autres, nous perdons notre sincérité et notre authenticité. Nous nous mentons et nous mentons aux autres en affichant un comportement qui ne nous appartient pas. Nous nous pervertissons au nom de l’amour, pour être aimé, reconnu ou simplement obtenir l’attention dont nous avons besoin. A ce stade, on est plus aimé pour ce que nous sommes vraiment, mais pour l’image que nous donnons de nous même. Notre société est basé sur l’apparence, le paraître, il suffit pour s’en rendre compte d’observer les magazines , les pubs, les gens dans les rues. Si nous voulons un monde meilleur, et être aimé pour ce que nous sommes vraiment, trouver notre vrai place dans société, disons adieu à la comparaison et osons la sincérité, osons être nous …
Merci Florence pour cette remarque. Je suis entièrement d’accord avec toi. Encore une fois cela montre qu’il faut « éduquer » les parents avant les enfants…