Lorsque l’on a des enfants, c’est fou le mal que l’on a à rester objectif.
Et souvent l’entourage ne nous aide pas.
Je me suis fais la réflexion l’autre jour. A 32 mois, elle n’est pas propre. Rien de grave bien sûr mais je me suis surprise à penser que « quand même, à son âge, elle pourrait faire l’effort de se retenir ». Surtout qu’elle sait se retenir, elle le fait régulièrement.
C’est juste qu’elle n’a visiblement pas la tête à ça. Elle n’est donc pas prête psychologiquement à faire « cet effort ». Ça viendra. Mais en attendant, je me suis quand même fais la réflexion, je l’ai jugé.
Je me fais de temps en temps ce genre de réflexion, mais ça passe vite. J’en prends conscience et je me dis: « pff! Elle fera ça le moment venu, quand elle sera prête ».
C’est très difficile de mettre en place ce système de pensée, de se dire que l’enfant fera telle chose lorsqu’il sera prêt, de nous défaire des préjugés.
C’est normal, on a toujours peur que notre enfant ne soit pas « normal ». Comme si le fait de ne pas faire les choses pile poil à tel âge va handicaper l’enfant toute sa vie.
Du coup, il y a comme une sorte de compétition entre les parents: « le mien marchait à 9 mois! », « la tienne ne parle pas encore?… ».
Bien sûr, ce genre de remarques peu vite faire peur et donner des inquiétudes aux papas et aux mamans.
J’ai appris avec le temps à faire abstraction de ces réflexions. Ma fille est en parfaite santé, tout va très bien pour elle, alors pourquoi me prendre la tête?
Sincèrement, qui sommes-nous pour nous permettre de juger si ce que fait l’enfant est bien ou pas? Tant qu’il respecte les valeurs que nous souhaitons lui apprendre, il n’y a aucune raison. Et encore, ça reste à voir.
Trop pressés?
Ce qui n’aide pas non plus, c’est que nous sommes pressés. Il faut l’avouer. On est pressés que notre enfant marche, pressés qu’il parle, etc. C’est vrai que c’est un tel bonheur de découvrir les premières fois. Moi même j’étais pressée de voir ma fille faire sa première dent, faire ses premiers pas.
Oui mais non. Ce n’est pas top pour l’enfant. Pour nous non plus d’ailleurs. Ils grandissent déjà tellement vite. Soyons patient et apprenons à observer nos enfants, à observer comment ils approchent petit à petit de leur première fois. C’est aussi beau le chemin parcouru, la volonté qu’ils y mettent, l’acharnement même, que l’arrivée.
C’est vrai que les enfants doivent avoir acquis certaines fonctions à un certain âge maximum (attraper les objets, marcher, parler, être propre, etc), sinon cela peut être le signe de problèmes physiques ou mentaux.
Ces âges, établis par la médecine, servent surtout de repères types pour détecter certaines maladies. Mais il ne faut pas oublier que souvent, ces âges sont plutôt tardifs par rapport à l’idée que l’on se fait. Par exemple, l’autre jour, le médecin m’a dit qu’il s’inquièterait vers 4-5 ans si ma fille n’était toujours pas propre.
Dire que depuis ses 18 mois j’entends des « faudrait faire quelque chose » ou « t’étais propre en 3 jours à 10 mois », etc. Et alors? C’est bien tout ça mais ça ne fait pas avancer la machine. Ce n’est pas constructif. Je préfère les gens qui me disent de temps en temps: « te prends pas la tête, elle va bien, ça viendra qu’elle voudra ».
Trop grand? Trop petit?
Enfin bref, tout ça pour dire qu’il est très facile de voir son enfant plus grand qu’il ne l’ai ou carrément plus petit.
Si si, quand un enfant de 3 ans hurle au magasin pour avoir un jouet, certains parents s’acharnent à le faire taire, comme si il était capable de se gérer. Les parents attendent que leur enfant se maîtrise dans ces situations… sauf qu’il est trop jeune pour ça.
Inversement, quand le même enfant essaie de grimper quelque part, ses parents sont derrière lui en lui disant qu’il ne peut pas monter parce qu’il est trop petit. Mais ce n’est peut-être pas le cas. Après tout, quel âge faut-il avoir pour grimper quelque part?
Ce sont des exemples un peu fort mais c’est vrai pour un tas de petites choses du quotidien.
Avec ma louloute, je la laisse faire ses expériences. Bien sûr, je suis près d’elle lorsqu’elle tente des choses un peu risquées.
Parfois elle a des idées qui me semblent « bizarres » ou dangereuses, et je m’aperçois qu’en l’observant ou en l’aidant, elle parvient à faire des choses que j’aurai cru impossibles pour son âge.
A côté de ça, il y a des trucs qui ne l’intéressent pas du tout et pourtant, qui devraient l’intéresser à son âge. Enfin, c’est ce qu’on m’a dit.
Parce que finalement, je ne sais pas du tout ce que doivent faire les enfants à tel ou tel âge…
Lâcher prise:
J’ai décidé d’aborder les choses de cette façon car il me semble que sinon, on se « pollue le cerveau » avec des choses inutiles. De plus, on risque de se mettre la pression pour pas grand chose. Et cette pression, mon enfant risque de la ressentir. Mieux vaut utiliser mon énergie à autre chose de plus positif.
Il ne faut pas oublier que les enfants sont des êtres humains comme nous, avec leurs capacités propres, leurs rythmes propres. Alors les contraindre à réaliser telle ou telle chose à tel ou tel âge n’a strictement aucun intérêt.
Il faut simplement les observer et les comprendre pour savoir lorsqu’ils sont prêts. Et très souvent, ce sont eux qui nous le disent.
Et 95% du temps, on s’aperçoit qu’ils font ces choses « importantes » dans un âge tout à fait « normal », ce qui n’est pas toujours le cas lorsqu’on les « force ». Parfois cela peut les braquer et du coup retarder les choses.
Après, je suis à la maison avec ma fille en permanence, donc libre de contraintes de travail, d’horaires, etc., donc je peux prendre le temps de lui laisser le temps.
J’imagine que tous les parents ne peuvent pas se permettre cela et certains caps deviennent impératifs (je pense par exemple à la propreté pour aller à l’école).
Mais pour tout le reste (et c’est la majorité) il me semble important de laisser l’enfant libre d’évoluer à son rythme et donc de ne pas le juger. De ne pas lui dire qu’à son âge il devrait faire ça, ou qu’il a passé l’âge de faire ça. Ça ne les aide pas du tout. Il est important de laisser de côté les préjugés pour les laisser libre.
Je me souviens, quand j’étais petite, je ne comprenais pas du tout ce genre de réflexions. En fait, je ne voyais pas le rapport avec l’âge. Pire que ça, ça m’embrouillait et je ne savais plus ce que je devais faire.
Bref, ce n’est pas comme le dernier téléphone que vous avez acheté et que vous comparez avec celui de la voisine en jubilant parce que le votre fait de meilleures photos que le sien. Oui, mais le sien, la batterie dure plus longtemps… On ne peut pas juger un enfant comme on juge un objet. Vous trouvez que j’abuse ? Ben pourtant c’est ce que font la plupart des gens.
4 commentaires sur “Arrêtez de juger les enfants”
Le jugement… Je ne suis pas certaine que ce mot s’applique si bien ici, mais les attentes que l’on peut avoir « à un âge donné » sont aussi liées à la culture. J’ai été étonnée, en allant chez une amie allemande, de voir son fils de 6 ans porter des couches : pour eux c’était normal. Ça date d’il y a un bon nombre d’années maintenant donc je ne sais pas ce qu’il en est aujourd’hui, mais nos 2 ou 3 ans sont très tardifs pour certains pays aussi. Ce que je (me) dis toujours, devant un enfant qui ne marche « pas encore », ou qui ne fait pas ci, ne fait pas ça, c’est qu’il se concentre sur autre chose. Il est toujours intéressant de voir où chaque enfant met la priorité. J’ai connu en particulier une petite fille qui, affectée par des troubles moteurs, avait développé un humour incroyable pour son âge. Je n’ai encore jamais vu ça chez aucun autre tout-petit. Les uns sont donc minutieux, les autres volubiles, ou mobiles, etc. …avec tous les mélanges et degrés possibles. Certains sont juste, à un moment donné, en train de réagir comme il peuvent à la poussée douloureuse de leurs dents. Le temps viendra où, apaisés, ils pourront s’investir dans l’appropriation du monde à nouveau ! Ce que je regrette maintenant que mes enfants sont grands, c’est de n’avoir pas tout noté… Ça me paraissait impossible d’oublier à l’époque : toutes ces premières fois ! Mais quand ils sont plusieurs, et quand les premières fois n’arrêtent pas de se succéder finalement, on oublie si – on mélange, on perd quelques repères. Du moins ça a été mon cas. Tous les enfants sont étonnants, à mon sens. Il suffit de réfléchir une minute à tout ce qu’ils doivent « ingurgiter », de la lumière à la gravité, des relations sociales aux réactions d’autrui. Quelle complexité ! Heureusement sans doute que le cerveau connaît une lente maturation. Il y aurait de quoi naître dingue, sinon. 😉
Merci Laure pour ces précisions. Effectivement le côté culturel est une donnée importante. Beaucoup de personnes ont changé leur façon d’aborder l’éducation après un séjour à l’étranger.
Et puisj’ai eu raison de tout noter alors 🙂 Je l’ai fait pour ma fille car je me suis dit que ce serait un point de repère pour elle plus tard, je sais pas, si a elle a des enfants ou pour une autre raison. Je me suis dis que ça lui simplifierait la vie… Avec le recul, je ne sais pas pourquoi mais vu ce que tu dis, j’ai eu raison de noter, hihihi.
Ce qu’on peut leur raconter de leur passé leur permettent de se situer, de relativiser lorsqu’ils se disent « je ne suis pas doué » ou autre discours négatif. Leur renvoyer une image plus positive et plus large d’eux-mêmes en s’appuyant sur la réalité de leur histoire, c’est puissant !
Alors oui, ça lui simplifiera la vie, et de plus d’une façon. 😉
Oui c’est vrai, cela donne de vrais repères très concrets. J’imagine, si ma propre mère avait noté toutes mes 1ères fois, comme j’aurai été touchée. Et cela m’aurait permit de comprendre pas mal de choses sur moi. Merci Laure 🙂