« Grâce à la parentalité positive, je crie et après je culpabilise »
Cette réflexion, issue d’un commentaire de cet article de Shivamama: le jour où la parentalité positive m’a gonflée m’a fait comprendre que le concept de parentalité positive, d’éducation bienveillante est encore mal compris et est sujet à débat (il n’y a qu’à voir la quantité de commentaires sous cet article).
De très nombreuses mamans blogueuses et bien d’autres ont essayé d’expliqué ce qu’est l’éducation bienveillante. Moi aussi j’ai fait une tentative en organisant ce carnaval d’articles: 12 blogueurs définissent l’éducation bienveillante , je n’y avais pas donné mon avis, je l’avais donné dans cette vidéo: l’éducation bienveillante c’est quoi?
Alors comme expliquer ce qu’est l’éducation bienveillante ou la parentalité positive a vraiment du mal a être compris, je vais faire l’inverse. Je vais tenter d’expliquer ce que l’éducation bienveillante n’est pas (en tous cas pour moi).
1-C’est être un parent parfait
Raté. La parentalité positive n’a jamais prôné la perfection parentale, ou alors je ne suis pas au courant. Elle prône plutôt l’acceptation de l’imperfection.
Alors non, ce n’est pas parce que vous faites un truc de travers que ça y est, la parentalité positive vous juge comme étant de mauvais parents.
2- C’est être laxiste
Là encore l’éducation bienveillante n’a pas pour but de laisser l’enfant faire tout ce qu’il veut, comme il veut.
C’est juste que l’enfant évolue librement, certes, mais qu’il le fait ou en tous cas que le parent le laisse faire dans la limite de sa sécurité ET dans la limite où ça ne gêne pas d’autres personnes. Sinon, pourquoi l’empêcher?
3- Nous créons des enfants rois
Bon, concrètement, je ne sais pas vraiment ce qui peut faire un enfant roi ou même ce que c’est.
Mais si j’ai bien compris, un enfant dit « roi » est en gros un enfant tyrannique, exigeant, colérique, esclavagiste, bref, une horreur à vivre. Ça ressemble plus a un enfant qui vit dans le laxisme et dans l’inconscience des besoins des personnes autour de lui. Ce qui m’amène au suivant.
4- Les parents sont esclaves de leurs enfants
Bon alors là, c’est vraiment discutable. Qu’est-ce qu’on entend par « être esclave »? Est-ce que c’est s’occuper de ses enfants à plein temps? Est-ce que c’est être présent pour répondre à leurs besoins? Est-ce que c’est répondre à toutes leurs exigences/besoins?
Il me semble que tous les parents qui sont présents lorsque les enfants en ont besoin sont alors « esclave »… Je n’ai jamais entendu dire qu’avoir un enfant est une « liberté ». Je n’ai jamais entendu dire un parent « ah, enfin, je suis parent, je suis libre ». Non, avoir un enfant c’est exigeant, ça demande d’être responsable, on ne dors même plus comme on veut! Alors qui n’est pas « esclave » de ses enfants?
Si c’est dans l’esprit de répondre aux « exigences » d’un enfant roi, alors ok. Mais bon, si vous pensez encore que les parents positifs créent des enfants rois, retournez lire le n°3.
5- L’éducation bienveillante ne fonctionne pas mieux qu’autre chose
Heu, parce que vous croyiez aussi que les licornes existent (vous avez le droit, hein, moi aussi j’aimerai y croire…)?
Si il y avait un mode d’emploi pour élever les enfants, ça se saurait.
La parentalité positive ne prétend pas être une solution miracle pour rendre les enfants sages, obéissants, dociles et biens sous tout rapport.
Non, c’est juste un outil pour mieux comprendre les enfants, point barre. Et après on en fait ce qu’on veut.
Je comprends que pas mal de monde ai du mal à comprendre le concept vu tout ce que l’on peut voir ou entendre sur le sujet.
Alors je vais vous dire MA vérité sur la parentalité positive: c’est un outil (et non un mode d’emploi) qui me permet de mieux comprendre ma fille, certes, mais qui me permet aussi de mieux me comprendre et mieux comprendre les autres.
Je donnes de l’importance aux mots car oui, j’ai constaté que cela avait un impact. J’ai décidé de bannir toute forme de violence et même les douces violences (voir « comment éviter ces 32 douces violences« ) car oui, je constate tous les jours sur tout le monde que je peux croiser, le changement relationnel que cela entraîne. Bref, ça a fortement amélioré mon quotidien. Et oui, je travaille encore et encore sur moi. Pas pour être parfaite, mais pour être heureuse. Et oui, je cherche l’harmonie dans ma famille, comme tout le monde. Mais je ne cherche en aucun cas à rendre ma fille mieux que les autres. Je cherche juste à lui donner les outils pour qu’elle aussi s’épanouisse et devienne l’adulte qu’elle sera.
Alors non, l’éducation positive ne fonctionne pas mieux qu’autre chose. Mais c’est un outil qui me parle et qui parle à beaucoup d’autres parents pour avancer. C’est un outil qui nous aide à être les personnes que nous voulons pour le plus grand bonheur de nos enfants.
6- Cette façon d’éduquer est le signe que le monde va mal
Bon, déjà il faut savoir que l’éducation bienveillante existe depuis un sacré bout de temps quand même. Donc ce n’est pas un truc à la mode.
La parentalité positive n’est pas quelque chose qui lutte contre un mal. C’est juste une philosophie, une façon de voir la vie qui permet de faire avancer les choses, qui permet d’améliorer les relations humaines et qui permet de prendre conscience de nos croyances limitantes afin de ne pas transmettre n’importe quoi à nos enfants. C’est un support qui remet une certaine logique.
Après, peut-être que pour certains c’est la réponse à une société qui ne leur convient plus et qui souhaitent voir la prochaine génération changer les choses (bon, je reconnais que j’espère aussi).
7- Les parents positifs pensent que ceux qui ne pratiquent pas l’éducation positive sont de mauvais parents, malveillants ou négatifs
Ben alors là, c’est vraiment méchant de penser ça. Dire qu’un des piliers de la parentalité positive c’est d’éviter les jugements… Cet outil aide à avoir une certaine ouverture d’esprit quand même. Alors aucun parent ne se permettrait de penser que les autres parents sont de mauvais parents (enfin, j’espère).
Par contre, c’est sûr que si un parent positif voit un enfant subir une humiliation, une violence ou tout autre injustice, ça va lui piquer les yeux et les oreilles… Le parent va plutôt avoir la réaction de se dire que l’adulte qui fait subir ça a un enfant manque certainement d’amour (bon, je caricature hein).
Et puis sérieux, c’est facile de dire que si on est pas bienveillant, on est malveillant… Ce serait pas mal d’aller chercher un peu plus loin.
8- Les parents n’ont plus de vie
Vous avez déjà entendu dire que pour être bienveillant avec les autres il faut déjà l’être avec soi-même?
Donc il semble évident que pour être cohérent avec son enfant, il faut avant tout répondre aux besoins des parents pour qu’ils puissent répondre à ceux des enfants. C’est logique.
Vous croyez réellement que faire du cododo empêche d’avoir une vie de couple? Qu’allaiter empêche le papa de créer un lien avec le bébé? Ou je sais pas quoi. C’est juste une question d’organisation et de compromis, comme dans n’importe quelle famille d’ailleurs. Mais c’est aussi une question de points de vue. Pour moi, je ne concevais pas laisser ma fille à garder à quelqu’un pour aller bosser. Beaucoup de mamans bienveillantes pensent le contraire. Chacun fait selon ses besoins et envies.
Rappelez-vous, le n°4 sur les esclaves…
9- Ce sont des intellos qui croient tout savoir
Ben, peut-être qu’il y a oui, comme partout.
Mais ce n’est pas le principe.
En fait je crois plutôt que ce sont des gens qui ont choisi de s’informer, de se former, pour leurs enfants et pour eux-mêmes. Il y a des intellos, oui, mais pas que. Il me semble qu’ils ne prétendent pas détenir la vérité absolue mais ont choisi de mettre en place des choses pour changer et faire avancer le monde (ne serait-ce que leur propre monde).
10- C’est trop compliqué
J’avoue qu’il y a de quoi y perdre son latin. Même moi je suis parfois perdue dans toutes les méthodes, les types de parentalité.
Je vais vous dire, en fait on s’en fout royalement du nom qu’on donne à la façon dont on élève un enfant. Moi la 1ère je dis bienveillance, positivité parce que c’est ce qui ce rapproche le plus de ma façon d’aborder les choses dans la définition.
Mais, je ne me fige pas à ça. Je pioche un peu partout des idées, je teste, j’invente, je teste, j’en parle. Alors c’est vrai que je me fie aux neurosciences. Ça me parle vraiment beaucoup. Mais chacun utilise ce qui lui parle le plus.
Quand on veut, on peut. Quand on est motivé pour quelque chose, tout devient plus simple.
Et je vais conclure en vous disant une dernière chose.
Moi aussi je m’énerve de temps en temps, moi aussi je crie, moi aussi quand je suis fatiguée et n’arrive pas à tout gérer, moi aussi j’ai mes faiblesses. Et oui, je suis une maman bienveillante, positive ou ce que vous voulez, et je ne suis pas parfaite. Je dis pleins de gros mots et j’arrive pas à faire comprendre à ma fille qu’il ne faut pas en dire parce que moi aussi parfois, je manque encore de cohérence.
Quand je fais une erreur avec ma fille, et ben moi aussi ça m’arrive de culpabiliser (de moins en moins souvent mais ça arrive). J’en parle, avec elle, avec papa et ça va mieux.
Et vous savez quoi? Ben je m’en fous de toutes ces imperfections parce que ce sont les miennes et que je fais tout pour aller mieux, sans pour autant chercher la perfection vu que c’est une utopie.
Alors je le redis encore: non, la bienveillance ce n’est pas le monde des bisounours. Non, c’est pas tout rose et non, on n’est pas des ravis de la crèche qui croyons aux licornes.
On en pète comme les autres, on se prend des claques comme tout le monde mais on sait que ça va aller de mieux en mieux puisqu’on fait tout pour.
Concernant l’article de Shivamama, franchement, ça ressemble fortement à une maman bienveillante qui s’ignore… vous trouvez pas? Et dire qu’il y en a tellement d’autres…
13 commentaires sur “10 idées reçues sur la parentalité positive”
Bonjour Jennifer
Et oui, voilà, il fallait que ça arrive : on commence de plus en plus à refuser la parentalité positive.
Chacun fait ses choix en fait, non ?
Au lieu d’attaquer, essayons. Mais ce n’est pas en une seule fois qu’on peut se faire un avis !
Ca me rappelle tellement le refus des salariés face à n’importe quel changement. C’est un sujet tellement stressant pour un-e entrepreneur-e : souvent il-elle sait que ce qu’il va demander comme changement va être refuser, bloquer (avec grève et tout le tatouin).
La cause : le manque de communication, la non-confiance envers le dirigeant, et surtout en vers soi même pour accepter de changer sa routine.
Je suis par contre tout à fait d’accord avec toi : ne pas juger est ce qu’il y a de plus important. C’est une direction, une voie à suivre, non pas à réussir tout le temps.
Car le plus important n’est-il pas d’abord d’être bienveillant-e envers soi-même ?
Au plaisir
Evan
Bonjour Evan,
Tu as tout à fait raison, le changement fait peur, et il fait peur à tout le monde. Mais c’est vrai qu’à un moment, il faut savoir ce que veut. Et souvent, c’est lorsque l’on sait vraiment ce que l’on veut que l’on peut dépasser sa peur et aller de l’avant. Cette motivation créé aussi l’ouverture d’esprit nécessaire au changement.
Et en même temps, on ne nous a vraiment pas appris à être bienveillant(e) envers soi alors c’est si difficile au début.
Merci pour ces précisions 🙂
Enfin de la tolérance et un rappel que la bienveillance ce n’est pas se croire meilleure ou encore mal juger l’autre ou le culpabiliser. La parentalité positive ce sont des outils qui aident à mieux comprendre nos enfants et cela m’a changé en profondeur en tant que parent, parce que, quand on apprend à gérer les émotions de nos enfants, on apprend à gérer les notre, quand on apprend à écouter et respecter ses enfants, on apprend à s’écouter et se respecter soi-même. Alors, même si ça devient de plus en plus rare, parfois je crie ou je perds patience, mais la culpabilisation je ne connais presque plus. La bienveillance c’est aussi envers soi-même : je m’accepte avec mes imperfections et je respecte mon rythme pour cheminer vers ce que je ressens comme plus de bonheur
En effet, tu as tout à fait raison de témoigner que c’est un outil qui nous permet d’avancer. C’est long, fastidieux, mais le résultat est tellement agréable pour tout le monde, que ça en vaut la peine.
Merci beaucoup, belle journée 🙂
Je reviens sur l’introduction : “Grâce à la parentalité positive, je crie et après je culpabilise”. Effectivement, il y a une très grosse incompréhension concernant l’éducation positive qui ne consiste pas à devenir parfait ou à se croire mieux que les autres.
Concernant l’éducation positive qui, soit disant, fait culpabiliser les parents (ou plutôt devrais-je dire les mamans) qui ne la pratiquent pas (ou croient ne pas la pratiquer), il y a là aussi une très grosse incompréhension. La culpabilité est une émotion qui sert à nous faire comprendre qu’on n’est pas « en phase » avec la façon dont on a agit. On ressent donc de la culpabilité à cause de ce qu’on a fait et non à cause de ce que les autres font !
Cette maman qui a laissé ce commentaire : “Grâce à la parentalité positive, je crie et après je culpabilise” se trompe. Ce n’est pas à cause de la parentalité positive qu’elle culpabilise mais parce qu’elle crie !
Peut être que le fait de mieux se renseigner sur la parentalité positive pourrait justement l’aider à arrêter de culpabiliser. Et le fait de mieux se connaitre et mieux respecter ses besoins pourraient l’aider à ne plus crier. Donc c’est dommage que les gens jugent cette forme de parentalité sans la connaître vraiment car ça leur rendrait sûrement service comme ça a été le cas pour moi.
Bonjour,
Merci pour cette précision qui est tout à fait juste.
L’information est la clé.
Belle journée 🙂
Bravo pour cet article ! Je le trouve génial 🙂
Présenter la parentalité positive sous cet angle est vraiment une surperbe idée.
Et je suis entièrement d’accord sur le fait que beaucoup de parents la pratique sans même le savoir 😉
Merci 🙂
Je trouve dommage que beaucoup de personnes pensent que si les parents changent d’attitude, les enfants seront rois. Ce n’est pas vrai!
Si les parents prennent d’abord soin d’eux en étant positif, alors toute la famille le sera et partagera de chouettes souvenirs.
Je tiens d’ailleurs un blog dessus si ca t’intéresse 🙂
C’est exactement ça. Et sympa ton blog 🙂
Merci pour ton témoignage qui m’aide à y voir plus clair.
Avec plaisir 🙂
L’éducation bienveillante est pour moi le principe de la communication non violente appliquée à l’éducation des enfants. Ça n’est effectivement ni un remède miracle ni une éducation laxiste. Juste une façon d’ELEVER les enfants pour leur permettre de devenir de belles personnes épanouies, à l’écoute de leurs émotions et besoins et de ceux des autres et pour leur éviter trop de névroses et de troubles à l’âge adulte.
Bref, c’est respecter l’être humain unique qu’ils sont.