Ne pas oser demander, être gêné de demander ou carrément refuser de demander quelque chose.
Chacun à ses raisons (fierté, principe, sentiment de faiblesse, etc.). Mais le résultat est là, nous avons beaucoup de difficultés à demander les choses et ce n’est pas normal.
Je dis nous car après avoir questionné de nombreuses personnes, toutes ces dernières ont des difficultés à demander. Alors bien sûr cela ne veut pas dire que 100 % de la population a ce problème. Cela signifie que c’est une grande majorité.
C’est bien dommage car aujourd’hui, les neurosciences ont prouvé a quel point nous avons besoin les uns des autres pour avancer.
Mais comment avancer lorsque notre capacité à demander, avec toutes ses conséquences, est lésée?
Après avoir creusé la question pendant longtemps, j’ai fini par en trouver la raison: nous avons appris à détester demander.
J’ai creusé la question car étant moi-même « handicapée » à ce niveau, je constate tous les jours le mal-être, les malentendus, et même parfois les conflits que cela peut avoir sur ma famille et mon entourage (sachant qu’eux aussi ont ce problème).
J’avais besoin de comprendre l’origine de tout ça pour dépasser ce problème et enfin arriver à exprimer mes demandes (et du coup mes besoins) naturellement. Et surtout, il me fallait comprendre pour ne pas refiler le truc à ma fille.
Nous avons appris à détester demander
Regardez un enfant, il est curieux de tout, avide de savoirs, de connaissances. Résultat: il passe sa vie à poser des questions. Tout le monde connait les célèbres « c’est quoi ça? », « et ça c’est quoi ça? », « et pourquoi? », etc. Il est très important de répondre à ses questions (voir cet article).
Réfléchissez bien. Lorsque vous étiez enfant, quelle était la réaction de vos parents ou des adultes référents?
Quand j’ai posé cette autour de moi, il y a eu plusieurs réponses:
– « ils avaient jamais le temps »
– « ils me disaient qu’ils avaient autre chose à faire »
– « je ne méritais pas »
– « ils se moquaient de moi »
– « question idiote, réponse idiote »
– etc.
Et le pire était certainement à l’école.
Quand ce genre de réponse se répète, cela amène immanquablement à ce que l’enfant perde confiance en lui et se sente rejeté. Il ne va plus poser de questions pour ne plus ressentir cette sensation désagréable qu’est la honte, le manque d’assurance ou le sentiment de ne pas être important.
Poser des questions devient synonyme de malaise, de désagréable.
Mais il n’y a pas que ça.
Certains parents répondent que « ce genre de question ne se pose pas », « ça ne se fait pas », laissant l’enfant dans un brouillard encore une fois désagréable puisqu’il n’a pas de réponse et en plus, il se demande pourquoi ça ne se fait pas.
Ce sont des principes tout à fait inutiles, d’autant plus aux yeux des enfants. Je pars du principe (justement tiens…) qu’il est plus judicieux de transmettre des valeurs que des principes, mais ce n’est qu’un avis très personnel. D’ailleurs j’aime bien cette citation de Edouard Herriot: “Appuyons-nous sur les principes, ils finiront toujours par céder.”
En résumé, notre image de nous à pris un coup en posant des questions. Normal qu’en tant qu’adulte, on ne puisse plus en poser.
Mais on peut s’en sortir. Et surtout, on peut éviter de faire la même à nos enfants.
Comment réapprendre à demander?
Grâce à David Lefrançois, j’ai découvert une technique qui fonctionne pour beaucoup de nos conditionnements. Et on est d’accord, avoir un problème pour demander quelque chose, quoi que ce soit, est un conditionnement.
On est d’accord aussi qu’on n’a vraiment pas envie de transmettre ce soucis à nos enfants.
Donc je vous file le truc, c’est juste super puissant.
1- Tout d’abord il faut réfléchir à cette phrase ou ces phrases qui ont bercé votre enfance lorsque vous posiez une question. Il y en a quelques exemples plus haut mais je suis sûre que vous en avez d’autres. Ces phrase qui vous ont blessé, qui vous ont laissé sans réponse. Prenez conscience de ces mots.
2- Remplacez ces phrases par des phrases plus positives et encourageantes.
Par exemple, si vous hésitez (ou carrément vous n’y arrivez pas) à demander de l’aide pour X ou Y raison, qu’enfant on vous a dit: « ça ne se fait pas de demander ceci ou cela », et que ça tourne dans votre tête, remplacez par « il n’y a aucun mal à demander de l’aide ». Bien sûr c’est un exemple, il vaut mieux que vous trouviez vos propres phrases.
Vous pouvez même les écrire pour bien les intégrer, et surtout, répétez-les. C’est la répétition qui fait que ça fonctionne. Le cerveau a besoin d’un certain nombre de fois pour créer de nouveaux circuits.
La confiance en soi
Vous vous doutez bien qu’avec des phrases désagréables en guise de réponse, la confiance en soi en prend un coup.
Alors il est important d’en prendre conscience. Le simple fait de cette prise de conscience aide grandement à développer cette confiance qui manque tant dans nos demandes.
La honte, la sous-estimation, le mal-être, l’image de soi dégradée, la gêne, etc, sont tellement de maux que tant de gens connaissent aujourd’hui. Parfois, il ne faut pas chercher plus loin.
Alors rappelez-vous que vous méritez, que vous avez le droit d’avoir des demandes.
Rappelez-vous que c’est naturel d’avoir des demandes, que c’est normal d’avoir des réponses bienveillantes et sans jugements.
Ce n’est pas parce qu’on pose une question que l’on est idiot, bien au contraire, c’est plutôt la preuve d’une envie d’avancer.
Ce n’est pas parce que l’on demande quelque chose que l’on est faible ou plus nul qu’un autre.
Et pour les enfants?
Vous comprenez maintenant l’importance de répondre aux questions des enfants. Vous comprenez les enjeux qui se jouent.
C’est vrai que parfois, les enfants ont des questions qui paraissent futiles, mais nous ne sommes pas là pour juger de l’importance ou non de leurs questions. D’ailleurs nous ne sommes pas là pour les juger.
C’est vrai aussi qu’ils sont capables de demander 1000 fois la même chose et que cela peut être extrêmement agaçant. Mais c’est important. Parfois, il suffit de varier les réponses jusqu’à trouver celle qui satisfera l’enfant.
Parfois l’enfant à des demandes impossibles. Par exemple: « je peux sauter par la fenêtre? ». Pas la peine de lui hurler dessus en le traitant d’inconscient et de fou. Pourquoi ne pas juste lui répondre non car c’est dangereux?
Il vous demande pourquoi l’eau ça mouille? Inutile de lui dire qu’il est idiot pour demander un truc pareil. Pourquoi ne pas répondre simplement que c’est un liquide et le liquide, ça mouille.
Bien sûr il faut se montrer créatif et parfois ferme.
Mais dans tous les cas, il est important de répondre aux questionnements et aux demandes de nos enfants de façon naturelle, sans jugement et avec bienveillance afin de ne pas entamer leur confiance en eux et leur curiosité.
Et vous, on vous a dit quoi lorsque vous étiez enfant et que vous aviez des questions ou des demandes?
2 commentaires sur “Pourquoi vous n’arrivez pas à demander les choses”
Bonjour Jennifer,
Ce soir en lisant ton article je ne me souviens pas de ce que l’on me disait quand je posais des questions mais ça ne devait pas être très brillant car j’ai passé plus d’une trentaine d’année avant de pouvoir enfin oser poser des questions !
Maintenant, je connais la puissance des questions et j’aime m’étonner de tout ce que l’on peut obtenir simplement en demandant !!!
Merci à toi de rappeler que poser des questions ne fait de nous ni un faible, ni un nul, ni un idiot. Au contraire, le pouvoir est à celui qui questionne…
Bien à toi
Caroline
Merci Caroline, en effet, quelle force d’oser enfin demander! C’est dingue tout ce qu’on peut avoir juste en demandant, je confirme 🙂
Belle soirée.